Manifeste

Manifeste / Manifiesto / Manifesto

Cinq ans plus tard, le rituel des élections reprend son cours, les protagonistes sont identiques, la représentation spectaculaire et les enjeux confisqués.

En 2007, nous avions réuni soixante réalisateurs et réalisatrices pour créer et diffuser 100 films les 100 jours précédant le deuxième tour des élections présidentielles. Cinq ans plus tard, nous décidons de renouveler l’expérience avec 100jours en 2012.
Nous voulons réinventer ce projet politique, cinématographique et artistique.                      Nous voulons à nouveau créer collectivement et bénévolement.
Et nous faisons le pari de mettre en œuvre un décalage : un autre rapport à l’individu, à l’esthétique, à l’actualité, un autre rapport à l’Autre, où notre système est un espace qui s’invente.
Imaginer des rencontres, approcher des trajectoires, capturer des instants, considérer cette période comme un moment d’expérimentation, de création, d’ouverture des possibles, un moment pour prendre la parole, brutalement ou joyeusement, empli de colère ou d’espoir.
En se projetant de la place du village à l’utopie bien nommée, nous affirmons par ce projet notre désir de saisir le présent.

100jours c’est 100jours et 100nuits.
Dans 100jours nous proposons à des auteurs et à des collectifs la réalisation de 100 films documentaires de 5 minutes. Nous imaginons ces films comme des créations singulières, des points de vue affirmés, des tentatives documentaires, des essais.
Dans 100nuits d’autres expressions documentaires, sous différentes formes (photo, dessin, bande dessinée, son, texte…) seront produites par des auteurs invités.
100jours s’envisage autant comme une succession de propositions que comme une œuvre singulière, un espace d’expressions libres et un tout pensé et construit. De 100jours doit émaner une entité propre, où chaque œuvre vient en écho aux précédentes, où les publications se répondent, se mêlent ou se heurtent pour au final se compléter et former un tout cohérent.
Durant cette période (de janvier à mai 2012) il s’agira donc de faire : faire des films et des créations, organiser des diffusions, débattre, faire de la politique. En réinventant notre place, en tant que créateur et spectateur, individu et collectif, nous souhaitons réaffirmer que ce sont les rencontres qui produisent le politique.

Collectif 100jours (100jours.org)

“C’est l’art qui dispose constitutivement de tous les moyens d’affecter, parce qu’il s’adresse d’abord aux corps, auxquels il propose immédiatement des affections : des images et des sons. non pas que l’art aurait pour finalité première de véhiculer des idées (…). Mais il peut aussi avoir envie de dire quelque chose. Sans doute cette forme de l’art a-t-elle largement perdu les faveurs dont elle a pu jouir dans la deuxième moitié du XX ° siècle, au point que l’art engagé soit presque devenu en soi une étiquette risible, dont on ne voit plus que les intentions lourdement signifiantes, les propos délibérés et le magistère pénible. On peut bien avoir tous les griefs du monde pour l’art -qui- veut- dire, le problème n’en reste pas moins entier du “côté opposé” : car en face de l’art qui dit, il y a les choses en attentes d’être dites. Or elles ont impérieusement besoin d’affections et, l’art politique refluant, les choses à dire menacent de rester en plan -ou bien de vivoter dans la vitalité diminuée, dans la débilité, de la pure analyse.”

Frédéric Lordon – “D’un retournement, l’autre”

MANIFIESTO

Tras cinco años el ritual de las elecciones retoma su curso. Los protagonistas son los mismos, la representación espectacular y los intereses usurpados.

En 2007 reunimos a 60 directores y directoras para realizar y proyectar 100 películas durante los 100 días precedentes a la segunda vuelta de las elecciones presidenciales en Francia. Cinco años después nos decidimos a repetir la experiencia con 100jours en 2012
Queremos reinventar este proyecto político y cinematográfico.
De nuevo queremos crear, de forma voluntaria y colectiva.
Y hacemos la apuesta de poner en marcha un desajuste en el que nuestro sistema sea un espacio que se reinventa : otra relación al individuo, a la estética, a la actualidad, otra relación con el Otro.
Imaginar encuentros, abordar trayectorias, capturar instantes, considerar este período como un momento de experimentación, de creación, de apertura hacia otros posibles, un momento para tomar la palabra brutalmente o con alegría, repleto de cólera o de esperanza.
Proyectándonos desde la plaza del pueblo hacia una bien proclamada utopía, afirmamos con este proyecto plástico y político, nuestro deseo de asir el presente.

100jours es 100jours (100días) y 100nuits (100noches).
En 100jours proponemos a autores y a colectivos de personas la realización de 100 películas documentales de 5 minutos. Imaginamos esas películas como creaciones singulares, puntos de vista afirmados, tentativas documentales, ensayos.
En 100nuits otras expresiones documentales, bajo diferentes formas (foto, dibujo, cómic, sonido, texto…) serán producidas por otros autores y autoras invitados.
Imaginamos 100jours tanto como una sucesión de propuestas como una obra singular, un espacio de expresiones libres y un todo pensado y construido. De 100jours deberá emanar una entidad propia, donde en cada obra hay ecos de las precedentes, donde las publicaciones se responden, se mezclan o entrechocan para finalmente completarse y formar un todo coherente.
Durante este período (de enero a mayo 2012) se tratará pues de hacer : hacer películas y creaciones, organizar proyecciones, debatir, hacer política. Reinventando nuestro lugar como creador y espectador, individuo y colectivo, deseamos reivindicar que son los encuentros los que producen lo político.

Colectivo 100jours (100jours.org)

MANIFESTO

Five years later, the elections ritual starts all over, the protagonists are identical, the show spectacular and the stakes hijacked.

In 2007, we gathered 60 directors to realize and broadcast 100 movies during the hundred days preceding the presidential elections’ second ballot. Five years later we decide to repeat the experience with 100jours in 2012.
We want to reinvent this political, cinematographical and artistical project.
We want to create collectively and voluntarily again.
And we make the bet of making a shift : another relation to the individual, to aesthetics, to actuality, another relation to the Other, where our system is a space inventing itself.
Imagine encounters, approach trajectories, capture instants, consider this period as a time for experimentation, a time to speak, brutally or gladly, filled with anger or hope.
By projecting ourselves from the firm ground of reality to the well defined utopia, we claim through this project our desire to seize the present.

100jours is 100jours and 100nuits.

With 100jours we propose to authors and collectives to realize 100 5 minutes documentary movies. We imagine these movies as singular creations, asserted point of views, documentary attempts, essays.

With 100nuits we propose other documentary expressions, through different mediums (photography, drawing, comics, sound creation, text, …), realized by invited authors.

100jours can as well be thought of as a succession of proposals and a singular production, a free expression space, and a thought through and organized whole. 100jours must produce a sole entity, where each production echoes to the former ones, where publications answer to one another, mix or clash and finally complete themselves all together to form a coherent whole.

Therefore during this period (from January to May 2012) the idea is to : realize movies and other creations, organize diffusions, debate, do politics. By reinventing our position, as creators and spectators, as individuals and collective, we wish to reassert that encounters are what create politic.

100jours collective (100jours.org)

“Art is what constitutionally possesses all the means to affect, because it is mainly addressed to the body, to which it immediately proposes affections : images and sounds. It doesn’t mean that art’s primary goal is to convey ideas (…). But it may as well want to say something. This form of art doubtlessly has lost a great deal of the favours it enjoyed in the second half of the 20th century, so that engaged art has nearly become a laughable label in itself, of which we only now see the heavily significant intentions, the deliberate meanings and the tiresome authority. We may have all the grievances in the world for art-that-wants-to-mean, the problem doesn’t remain unsolved on the “other side” : for facing the art that means, there stand the things waiting to be said. Yet they imperiously need affections and, as political art flows back, things to be said are threatened to be left on the side – or else to live sparely in diminished vitality, in debility, of pure analysis.”

Frédéric Lordon, “D’un retournement, l’autre”