2 réflexions au sujet de « +81 »

  1. Selon leurs bonnes habitudes colonialistes, en 1947 et sans aucune discussion préalable, les occidentaux, par l’entremise des Nations Unis, ont scindé la Palestine en deux pour créer l’État d’Israël : le résultat ne s’est pas fait attendre et depuis le moyen-orient est une poudrière.
    L’attitude du gouvernement actuel d’Israël vis à vis des Palestiniens est inqualifiable et fait dire à certains observateurs (Nathalie ARTHAUD) que Gaza et la Cisjordanie ressemblent plus à des « camps de concentration » qu’à un État. Le terme utilisé est volontairement provocateur et il souligne le désarroi de ceux qui, affligés par la tragédie effroyable de la Shoah, aimeraient que les Israéliens aient un comportement plus humain envers les Palestiniens spoliés de leur terre et qu’on ne peut que défendre contre un État fortement militarisé et « dominateur ».

  2. Dans Rue 89 : « Ils devaient être 1 500 – dont 500 à 600 Français – et se retrouver ce dimanche à Bethléem pour inaugurer une école et manifester contre les restrictions de déplacement vers et depuis les territoires occupés. Des dizaines de militants propalestiniens se sont vu refuser la possibilité d’embarquer dans plusieurs villes européennes et ne pourront participer à ce rassemblement organisé par le mouvement Bienvenue en Palestine… »
    http://www.rue89.com/2012/04/14/des-militants-propalestiniens-interdits-de-vol-par-israel-231198

12 réflexions au sujet de « +80 »

  1. Ah, s’il suffisait de chausser des lunettes pour gommer tout ce qui ne va pas dans notre société où les priorités ne concernent visiblement pas celles et ceux qu’elle rejette et maintient dans la précarité … ça se saurait !

  2. les lunettes roses ne sont qu’un symbole qui permet d’entamer un travail collectif pour changer le monde, c’est pas dur à comprendre!

  3. Un film foisonnant et ouvert, sans démagogie, problématique, poétique, politique, amicale et affectueux.

    Un beau cadeau pour ses 18 ans

  4. Bon, n’ayant pas les clés, j’ai interprété la séquence des lunettes roses comme une dénonciation de ceux qui ne veulent pas voir la réalité crue, comme ces mégalomanes qui, se parant de rose, préfèrent dépenser des sommes folles pour la galerie, plutôt que de construire pour aider ceux qui en ont un urgent besoin … et qui en sont fiers.

  5. C’est bien dommage d’avoir coupé « la grasse matinée » (et pas « grâce »), alors je le remets en entier :

    Il est terrible
    le petit bruit de l’oeuf dur cassé sur un comptoir d’étain
    il est terrible ce bruit
    quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim
    elle est terrible aussi la tête de l’homme
    la tête de l’homme qui a faim
    quand il se regarde à six heures du matin
    dans la glace du grand magasin
    une tête couleur de poussière
    ce n’est pas sa tête pourtant qu’il regarde
    dans la vitrine de chez Potin
    il s’en fout de sa tête l’homme
    il n’y pense pas
    il songe
    il imagine une autre tête
    une tête de veau par exemple
    avec une sauce de vinaigre
    ou une tête de n’importe quoi qui se mange
    et il remue doucement la mâchoire
    doucement
    et il grince des dents doucement
    car le monde se paye sa tête
    et il ne peut rien contre ce monde
    et il compte sur ses doigts un deux trois
    un deux trois
    cela fait trois jours qu’il n’a pas mangé
    et il a beau se répéter depuis trois jours
    Ça ne peut pas durer
    ça dure
    trois jours
    trois nuits
    sans manger
    et derrière ce vitres
    ces pâtés ces bouteilles ces conserves
    poissons morts protégés par les boîtes
    boîtes protégées par les vitres
    vitres protégées par les flics
    flics protégés par la crainte
    que de barricades pour six malheureuses sardines..
    Un peu plus loin le bistrot
    café-crème et croissants chauds
    l’homme titube
    et dans l’intérieur de sa tête
    un brouillard de mots
    un brouillard de mots
    sardines à manger
    oeuf dur café-crème
    café arrosé rhum
    café-crème
    café-crème
    café-crime arrosé sang !…
    Un homme très estimé dans son quartier
    a été égorgé en plein jour
    l’assassin le vagabond lui a volé
    deux francs
    soit un café arrosé
    zéro franc soixante-dix
    deux tartines beurrées
    et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

  6. Tout est dit…pourquoi vouloir changer le monde et pas soi d’abord? C’est ce qu’on est qui détermine notre regard sur le monde…et comme disait Gandhi « deviens toi même le monde tel que tu aimerais qu’il soit » parce qu’il n’y a que ce que l’on est, le reste n’est qu’une illusion divine…

  7. enfin des gens qui dansent dans 100jours, chouette petit moment de libération des corps jusqu’ici trop disciplinés et sages !

  8. Cé pa grave.
    J’étais content d’entendre le poème de Prévert parce qu’il a été important pour moi. À l’école j’apprenais « le cancre », ou d’autres poésies cucul, du Prévert filtré par le ministère.
    Quand j’ai lu ce poème-ci par hasard, ça a été une clef qui m’a encouragé à aller lire autre chose que ce qu’on nous enseignait. C’est ainsi que j’ai découvert Marx à 8 ans. Non je plaisante, mais quand même, « la grasse matinée », c’est important (même sans guillemets).

Une réflexion au sujet de « +79 »

Une réflexion au sujet de « +78 »

  1. La force du système, c’est d’asseoir son autorité en agentifiant les gens qui bossent pour lui. Agentifier, c’est faire en sorte que ce qui constitue le corpus de valeurs personnelles fortes soit submergé, non effectif, lorsqu’on demande à une personne de réaliser des actes qui lui sont contraire.
    Les gens d’InCité, comme les gens qui obéissent aux ordres d’expulsion, sont agentifiés. Comme tout le monde, ils peuvent faire le choix de sortir de cet état agentique. Mais comme 80% des gens, à peu près, ils ne le font pas.
    On ne sait pas ce qui fait qu’à un moment donné, certaines personnes refusent d’obéir. Un des seuls facteurs identifié qui poussent à désobéir : avoir déjà participé à des luttes collectives.

5 réflexions au sujet de « +77 »

  1. La poésie dramatique de la marge, des espaces frontaliers, de la figure de l’errant pour interroger la complexité du monde, puis l’amener vers l’espoir des idées et la lutte. Un bien beau moment passé sur les bords du monde, instant précieux et mélancolique, et dur à la fois. Et puis la frontière de genre rend le cinéma si fertile, jouant avec les codes de la fiction et du documentaire : c’est quand ces termes n’ont plus de sens bien défini que tout devient possible…

  2. Magnifique! Comme quoi quelque chose rumine, quoi qu’en prétende le monde.

  3. Je ne suis pas vraiment littéraire, mais ce texte donne une dimension réelle de nos pensés et du ‘nôtre’ dans le monde

7 réflexions au sujet de « +76 »

  1. Moi j’y vois surtout une dénonciation des problèmes de marrée noire.

    Pas de pb technologique du tout.

  2. Je pense que Walter fait d’avantage allusion à la non apparition du film sur le site ce matin.

  3. c’est pourtant juste ce qui se voit, le rivage qui se noircit, non ? Moi je trouve ça assez juste par rapport au sujet comme forme. Cette noirceur inscrite, qui s’accumule, que l’on ne remarque même pas, même plus …

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10 réflexions au sujet de « +74 »

  1. L’asservissement du spectacle autant que le spectacle de l’asservissement, étonnante perspective qui nous est proposée là. On dépasse bien le cadre de ce « Du pain et des jeux » prôné depuis bien longtemps (et toujours si efficace…), mais on pousse jusqu’au ridicule non ?
    Une Pocahontas sur un manège, souriante d’avoir eu son peuple exterminé ? En effet ça laisse sans voix.
    Et ça nous parle du paradoxe d’un certain cinéma : peindre sur la toile les grands espaces indiens pendant qu’on enchaîne les chevaux…

    Merci.

  2. Est-ce que ces images-signes effectuent réellement une critique du Spectacle ? Je pense plutôt qu’elles nous obligent, à force de signes convenus, de croire à ces images d’une certaine manière : et je reste tel que j’étais avant, je croyais à l’horreur du monde spectaculaire et je projette ma pensée sur les films que je regarde, je vois la pensée critique du monde s’appliquer strictement dans un film : telle est la séparation que critiquait également Debord, de demeurer inchangé face aux images, tant nous les prenons pour des discours et que nous-mêmes nous sommes pétris de discours pré-établis. Pourtant ce film fait confiance au « voir » et à ce que le regardeur seul construit, et cela pourrait venir ainsi contredire ce que je viens d’énoncer. Je me demande donc, pour finir, si nous ne devrions pas laisser le Spectacle dans l’oubli qu’il demande, afin de ne pas par nos critiques prolonger son hégémonie, afin de ne pas le faire exister. Par ces mots, j’interroge les formes de la critique dont nos films sont capables, par leurs moyens mêmes… Oui, comment faire ?

    Un dernier mot, qui s’immisce là, au niveau de ce qui est filmé : une fête foraine. Si untel pense y voir le Spectacle et qu’en effet c’est ce que l’on me demande de voir, ce que l’on croit avoir « dit », dans ce cas là reste la liberté de dire : « ah mais, et alors, les forains, ne sont-ils pas quand même des personnes nomades, aux formes de sociabilité marginales dans lesquelles nous pourrions trouver des zones de résistance au monde intégré du spectacle intégré ?

    Et la désuétude, pour ne pas dire pauvreté, des moyens de divertissement de la « foire », sont proches du cinéma – deux trois tâches colorées et quelques mouvements intenses – un cinéma que l’on pourrait deviner résistant par l’usage de plus en plus sobre des mêmes moyens qui faisait le spectacle : couleur, mouvement…
    Les questions de cinéma engagent nos vies.

  3. Bravo pour cette formidable initiative mellant variété des sujets, la considération des personnes et le traitement d’enjeux importants pour l’avenir de tous, du vivre ensemble.
    100 jours est un véritable défi qui est très largement relevé pour le moment….

  4. J’aime bien dans +1 quand O. Magniez frappe l’écran avec son micro, ou dans le film de C. Nozières, pour les fans, en 2007, quand il faisait pareil sur son chat. Ici vous faites le choix de ne taper ni les chevaux, ni joe l’indien, avec votre caméra.
    On ressent non pas une distance, mais une césure entre la caméra et ce qu’elle filme. Un peu une logique d’aquarium, ou on regarde depuis le dehors, à travers une vitre. Ça me rappelle le long zoom de votre film en 2007, j’y retrouve la même extériorité du filmeur au monde qu’il filme (le zoom comme anti-travelling).

  5. Salut M.,
    vous connaissez bien votre Daney. Je ne vais pas faire la cuistre, et y opposer Rivette et son fameux travelling immoral (à distance ?) ou Rancière qui nous dirait qu’aucun mouvement de caméra, qu’aucune technique n’a en soi de sens défini et fermé ; ou plutôt si, je fais la cuistre.
    J’aime énormément +1 d’Odile, et le film de Cyprien me fait réfléchir, mais je ne sais pas quelle est la grande force de ces gestes. Taper l’écran d’un ordinateur, caresser un chat avec un micro… en soi, ça n’est rien. Et ça peut être tout, selon le contexte.
    Sinon, il ne faut pas nécessairement avoir une action sur ce qu’on filme, ou placer sa caméra contre le visage de ceux qu’on filme pour rendre sensibles les choses, pour faire ressentir une émotion ou surgir une pensée. C’est bien là que toute la question de l’intime se pose, qui n’a rien à voir avec la « subjectivité » du réalisateur, la mise en scène du moi ou l’exposition de l’intimité des gens.
    Un film, ça n’est pas uniquement des images, c’est aussi des sons, des musiques. Les chansons que l’on entend dans +74 disent à la fois l’intimité des êtres, leur singularité, ce qui les place à une distance infinie les uns et des autres, et en même temps l’espace d’une proximité où toute distance est abolie.
    Ou alors, on pourrait dire (et ça pourrait être Maurice Blanchot) qu’on a essayé (car nous sommes deux réalisateurs) de rendre l’espace d’un rapport sans rapport, une intimité qui ne serait pas celle d’une subjectivité empirique, mais celle où il n’y a plus de différence entre l’intériorité d’un cheval, celle de cet homme qui tourne, ou la mienne, qui filme. Ce que montre ce film, c’est comment on peut sortir du cercle de la répétition, de la mauvaise révolution, celle qui nous ramène toujours au même point, ce que vous appelez aquarium, pour commencer quelque chose de neuf. Parce que dans le dernier plan où il est présent, l’homme est sorti du cercle.
    Nous n’avons pas cherché à rendre notre intimité, mais l’intimité de l’autre, l’autre intimité, l’autre de l’intimité, qui n’est pas son contraire, mais qui est essentiellement une énigme, un je-ne-sais-quoi, un mystère, une vie.
    Tout cela, c’est ce que je sens et pense du film ; mais un film est d’autant plus émancipateur qu’il ne construit pas son sens, ne l’impose pas, qu’il laisse libre à chacun de construire et de déconstruire les images.

  6. Tout à fait d’accord avec cette dernière phrase, qui vaut pour toute forme d’expression artistique ou littéraire, je crois.

11 réflexions au sujet de « +73 »

  1. Provided the opportunity presents itself I’ll enjoy any film…et de plus je trouve totalement cohérente cette allusion sans fard aux « Cents jours ». On sait du reste à quoi ça a conduit…historiquement parlant !

  2. les médias nous saoulent déjà de commentaires formatés par le système dont ils sont les 1° acteurs. Contentons de créer quand on peut pour embellir la vie.. Et ça, vous le faites bien

  3. Quelle stupeur de découvrir ce qui se passe dans un pays démocratique comme le Chili ! Très beau témoignage qui incite à la résistance, au regroupement…

  4. Je ne connaissais pas les mapuches. Cette femme parle très bien et incite en effet à agir et à résister. Les images qui accompagnent son témoignage sont poétiques, fortes, offrent des ouvertures à la réflexion, correspondent à la parole donnée… Merci. Continuons d’agir de toutes les manières possibles

  5. Pour en savoir un peu + sur ce qu’il se passe aujourd’hui au Chili :
    - Inondations des terres et des cimetières ancestraux par le gouvernement, impliquant le déplacement de plusieurs familles Mapuches , et de profondes transformations à l’écosystème … :
    http://www.turmel.uqam.ca/node/304

    - Les carabiñeros tirent sur les manifestants d’Aysen : http://blogs.rue89.com/alma-latina/2012/03/19/chili-la-patagonie-en-revolte-pour-une-vie-digne-226948

    - Violentes répressions lors des manifestations étudiantes (revendication de l’éducation gratuite) :
    http://araucaria-de-chile2.blogspot.com/2011/08/violente-repression-au-chili-contre-les.html

  6. Belles images, presque oniriques, le film est discret et attachant, mais aussi direct et sincère.

  7. interesante corto Clio,… yo no puedo ser dueña de la tierra, la tierra es mi madre.
    saludos

Une réflexion au sujet de « +72 »