-51 Amor de madre

Par Juanma Ferreira Morgazo

Para cocinar el filete de emperador a la plancha, se debe poner en una sartén antiadherente manchada con unas gotitas de aceite de oliva, sazonarlo con sal, un poquito de pimienta negra y un toque de eneldo. El eneldo da un sabor muy especial a cualquier pescado.

Al servirlo en el plato, lo conveniente es aderezar con unas gotitas de limón, o bien con una cucharadita de salsa mayonesa. El ali-oli también le va muy bien para acompañarlo.

Buen provecho. Lire la suite

-52 Suite murale 7

Par Raymond Bozier

Les murs d’un édifice, d’un bâtiment, d’une maison*. Murs extérieurs, gros murs (V. Cage, II). Murs intérieurs, de refend*. V. Cloisons. Murs latéraux, de façade. Murs de fondation, murs portants.

 Fiction cloisonnante : Il y avait des tiroirs dans la cloison en fond de chambre. Le voyageur exténué les ouvrit un à un puis les repoussa d’un coup sec. Le glissement des casiers sur les rails et le claquement bref accompagnant les fermetures lui procurèrent à chaque fois un plaisir sans nom (une sorte de jouissance interne prenant naissance dans le ventre puis irradiant le reste du corps). Ce ne fut qu’après la manipulation du huitième tiroir qu’il prit conscience d’une présence derrière lui et qu’il se retourna. Sa mère et sa sœur, vêtues d’une chemise de nuit transparente, étaient allongées sur son lit et dormaient paisiblement. Elles paraissaient l’une et l’autre totalement indifférentes à la lumière crue qui tombait du plafonnier. Cette situation inattendue le laissa quelque peu perplexe. Il ne comprenait pas comment les deux intruses avaient fait pour s’introduire dans sa chambre et s’installer dans son propre lit. Lire la suite

-55 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Mardi 6 mars – matin
Ce midi réunion à 4 ou 5 pour travailler sur le projet salle d’injection. Nous avons posé ce rendez-vous il y a un mois tout juste ; certains membres du conseil d’administration me semblaient très motivés, des actions avaient été posées (voir -83). Nous avions discuté sur la terminologie : le mot injection doit-il apparaître, dans le programme « Éducation aux Risques Liés à l’Injection » (ERLI) ne serait-ce pas le terme éducation qui pourrait passer pour du prosélytisme ? Bref nous avions pensé à « salle d’évaluation des pratiques », titre auquel j’avais ensuite ajouté « de l’injection ». Nous conservons le terme de salle qui est employé partout dans le monde, nous parlons d’évaluation pour signifier que nous sommes dans l’expérimentation et l’observation, le mot pratique signifie que nous allons consigner des observations basées sur la réalité et le mot injection délimite notre champ d’investigation. Assez bien vu non ?

Bon, hier soir j’ai vérifié mon sac, il faut que j’imprime plusieurs documents, que j’ordonne les points dont nous devrons parler.
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-56 Lavage de cerveaux

par Gérard Mauger

Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine, propos de + 43 de Julie Dugué

« La Marseillaise » et le linge qui tourne dans le tambour de la machine annoncent la couleur : bleu, blanc, rouge. Des hommes et des femmes, jeunes et vieux, blancs et noirs, vaquent à leurs occupations dans une laverie automatique. En prêtant l’oreille, j’ai noté des bribes de discours de « la France d’en haut » – les habitués reconnaissent la voix de Hollande et celle de Sarkozy (c’est, d’ailleurs, le seul indice qui permette de les distinguer) – qui alternent avec des fragments de conversations de « la France d’en bas ».

Côté « France d’en haut », le ton est grandiloquent, il s’agit des « difficultés » de « la France d’en bas » qui « souffre » et « espère », de la distance entre « le haut » et « le bas » qui voit « le haut » de loin, mais dont, assure l’un, les « souffrances » remontent vers « le haut ».

Côté « France d’en bas », on note : « zéro », dit l’une qui ne se laisse pas prendre au « bourrage de crâne ». « En France, on se complique la tête vraiment grave quoi », alors que « tout pourrait être plus simple », dit l’autre qui refuse de « se prendre la tête ».

Côté « France d’en haut », de nouveau : il est question cette fois de « la France », d’ « aimer la France », de « servir la France ». Lire la suite

-57 La belle scandaleuse

Par Pascal Boissel

Un discours xénophobe qui vient de l’État.
Dans les années 1980′s, le psychanalyste Gérard Miller s’inquiétait de ce qu’avec la montée du FN on s’habituait à entendre parler des étrangers en France en des termes qui depuis 1945 avaient été considérés inadmissibles. La situation, de ce point de vue, n’a fait qu’empirer ; et cette campagne électorale fait franchir un seuil dans le niveau de la parole crapuleuse. Toute hypocrisie, toute ambiguïté sont délaissées ; un discours de rejet, un discours xénophobe, islamophobe, et potentiellement antisémite s’affiche dans fard.
Le 10 janvier, le Ministre de l’Intérieur, un certain Claude Guéant, se félicitait d’avoir battu le record du nombre annuel d’expulsion d’étrangers. Chacun a les jouissances qu’il peut. Puis, le 2 mars, il affirma que le droit de vote aux élections locales des étrangers aurait pour conséquence l’obligation de manger de la viande halal dans les cantines scolaires. « Étranger » équivaut selon ce discours à « étranger musulman pratiquant », nécessairement intolérant (à la différence de nos gentils dirigeants policiers supposés très tolérants et très légèrement xénophobes par carriérisme). Manger halal deviendrait un risque de santé publique…
Fillon, une sorte de Premier ministre en exercice, tint à à ajouter un mot concernant la nourriture casher des Juifs religieux et pratiquants, ringarde et non scientifique selon son expertise de catholique pratiquant. Ce fut troublant : les gouvernants, jusque là, prenaient parti contre les musulmans, et pour une alliance avec des conservateurs religieux chrétiens et juifs. Attaquer la religion juive était certes très logique depuis la laïcité redéfinie par le FN comme arme nationaliste, xénophobe et islamophobe. Mais le contenu antisémite était, ces dernières années, soigneusement caché ; tactiquement l’antisémitisme ne pouvait plus se dire. Maintenant c’est dit, et par un haut personnage de l’État qui n’est pas particulièrement antisémite, très certainement, mais qui est logique. Une logique de haine.

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-58 Amor de madre

Par Juanma Ferreira Morgazo

 

A los políticos, esa gente buena de verdad :

Para alguien que no está acostumbrado a escribir con asiduidad es difícil realizar un texto cada semana, y mucho más si se espera de este algo interesante… que enganche, o que aporte algo nuevo. Sinceramente, estoy en ese punto, donde me viene grande esto de preparar unas líneas semanales; las fotos son otra cosa, como veis no tienen gran complicación… fondo blanco, flash sobre la cámara, y como elemento más importante: el tupper semanal de mi madre. Lire la suite

-59 Suite murale 6

Par Raymond Bozier

En parlant de la face intérieure des murs, des cloisons d’une habitation). Revêtement des murs d’une chambre (V. Boiserie, lambris, tapisserie). Papier tapissant les murs (CF. Force, cit. 84). Glace (cit.27), trumeaux* ornant les panneaux* d’un mur. Murs garnis de corniches, de plinthes. Meuble dans l’angle d’un mur (V. Ecoinçon) adossé contre un mur (V. Console). – Suspendre, pendre des tableaux, des gravures

Par ext. Les murs : l’habitation même.

Meuble dans l’angle d’un mur

 je ne connais pas

les raisons du bonheur qui m’accable

et nul ne m’oblige à rêver

pourtant

certaines nuits

j’entre nu dans le béton

et j’en ressors au matin

tel un somnambule

lavé des rêves

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-62 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Mercredi 29 février
On n’apprend pas à nager à un homme qui se noie. En premier on le sort de l’eau. On ne donne pas un ticket service ou l’adresse des Restos du cœur à un homme qui a faim, sans d’abord s’assurer qu’il aura la force d’y aller. Je force le trait ; mais lorsque nous avons en urgence ce genre de demande, nous ouvrons le frigo, regardons les étagères pour dépanner, immédiatement, si petitement que ce soit. C’est un peu la philosophie de la maison.

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-63 La forme d’une ville

Par Sophie Orange

Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine +35 de Thomas Hakenholz.

« Ici ça va être détruit »

Usines détruites. Squats désossés. Immeubles rasés. Ici, on casse et on brise.

« En fait ils ont tout détruit, ils ont détruit la vie des personnes ».

Ecroulées les façades, tombés les murs, effondrés les toits. En même temps que la géographie cède, ce sont des histoires que l’on fait taire. Les bâtiments sont comme des biographies individuelles et collectives cristallisées, réifiées. Lorsqu’on les détruit, on détruit plus que de la tôle, du parpaing ou du verre : on démolit des souvenirs, on déchire un groupe, on défait une mémoire collective. Si ces travailleurs, ces familles, sont tant attachés à ces murs, à ces portes, à ces machines, à ces couloirs, c’est que ces murs, ces portes, ces machines et ces couloirs portent leurs empreintes. La ville, la maison, la rue sont du social objectivé : ils fixent et font perdurer les liens amicaux et les liens familiaux. Ils supportent le passé des individus. Maurice Halbwachs écrivait que « lorsqu’un groupe est inséré dans une partie de l’espace, il la transforme à son image ».

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-66 Suite murale 5

Par Raymond Bozier

Hist. Les murs cyclopéens* de Mycènes. Les longs murs du Pirée. – Le mur des lamentations (cit.4), à Jérusalem. – Le mur des Fédérés*. – Le mur de l’Atlantique, ensemble d’ouvrages fortifiés construit par les Allemands durant la seconde guerre mondiale.

(Incise : Le mur de l’argent est absent du Robert, mis hors langue officielle en quelque sorte. Pourtant, cette construction peuplée de personnages qui se dissimulent pour mieux profiter et pour lesquels seule la patrie du fric importe Fric. n. m. (1900 : orig. obscure). Pop. V. Argent*. - produit de terribles ravages dans notre époque affolée. Face à ce mur invisible la plupart des humains sont comme ces insectes qui s’écrasent contre le pare-brise d’une voiture filant à toute allure : ils se cognent à l’obstacle sans pouvoir atteindre ses occupant-es, leur cracher à la gueule, ou leur arracher le moindre cri de détresse.) Lire la suite