-69 Incorrecte seringue

Par Yvalin

lundi 20 février – fin de journée

Je viens de découvrir le « rapport d’informations sur les toxicomanies », établi par la mission d’information sur les toxicomanies, rassemblant des élus des deux assemblées, rapport partisan mais c’est une mine. Dans les sens propre comme figuré.
Au sens figuré, c’est le dernier grand rapport, paru durant l’été 2011. 2OO pages de rapport et près de 500 pages de compte-rendu d’auditions aussi variés que SOS DI, Aides et l’Afr versus Parents contre la drogue, la Mildt, etc. Nous avons donc à sa lecture un panorama très complet d’avis divergents.
Au sens propre, c’est une mine, car il faut vraiment fouiller, chercher, mettre en relation les phrases, les citations.
Partisan car il pose « un objectif légitime : une société sans drogues », c’est-à-dire sans drogues illicites parce que « les unes sont inscrites dans notre culture, les autres non » (page 126 tome 1). Il détourne allègrement des propos en les citant exactement mais hors contexte, par exemple une phrase de Jean-Marc Borello (SoS Di) est citée pour appuyer l’idée « du monde sans drogue » (page 125 T1) alors qu’elle est sortie de son contexte (p. 189 T2).

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-70 Parler ou être parlé…

Par Ugo Palheta

Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine +30 de Julien Baroghel

Parler ou être parlé…

 … (disait Bourdieu), voilà un enjeu politique de premier plan. Mais conquérir une parole propre peut-il encore avoir un sens quand l’organisation capitaliste de la vie tend à ôter toute signification aux mots mêmes ? Ces mots qui devraient être gorgés de la mémoire collective de nos vies, de nos espoirs et de nos luttes, nous apparaissent désespérément vides, tant ils se trouvent intégrés aux rhétoriques publiques de la résignation imposée et au matraquage publicitaire du bonheur falsifié (« c’est quoi c’te vie ? […] c’est réellement du gâchis ! » dit le narrateur du film). Les images ne valent pas mieux. Ces affiches qui défilent dans le film de Julien Baroghel disent assez le simulacre de démocratie auquel donnent lieu les élections qu’à rythme régulier l’on nous concède, et qui ne sauraient provoquer autre chose que le silence – celui de ces passants, en attente (mais de quoi ?). Devenues terrain de chasse des spécialistes en marketing politique d’un côté, des commentateurs de sondages d’opinion de l’autre, elles refoulent en l’encadrant strictement toute intervention populaire autonome. Qu’on se le dise : la révolution ne sera ni télévisée, ni même « citoyenne » (encore un mot vidé de son sens) ; elle sera tumultueuse et, contre l’amnésie médiatiquement produite, devra se réapproprier tout un héritage de pratiques, de représentations et de mots, nouant ainsi un lien entre les espérances d’hier et les victoires de demain. Lire la suite

-71 Juste une pétition pour une liberté

Par Pascal Boissel

Dans quelques semaines des élections législatives auront lieu, à la suite des élections présidentielles. Un député  UMP, Daniel Fasquelle, est pressé de légiférer. Pour lui, l’enjeu est que la représentation nationale interdise la psychanalyse dans le système de santé comme à l’université.

Chacun peut consulter le blog de cet honorable parlementaire pour vérifier cette assertion. Le 20 janvier 2012, il a déposé un projet de loi exigeant que « les pratiques psychanalytiques, sous toutes leurs formes, » soient « abandonnées dans l’accompagnement des personnes autistes ». Partout, dans le service public de psychiatrie, dans le secteur associatif, toute référence à la psychanalyse (« sous toutes ses formes ») devrait être exclue sur injonction de l’État. Fort de cette logique, autoritaire s’il en est, le susnommé Fasquelle a écrit aux Présidents d’université pour leur demander de « tourner le dos définitivement à l’approche psychanalytique dans l’enseignement et dans la recherche ». Éradiquer la psychanalyse est la mission que s’est assignée ce député. Lire la suite

-72 Amor de madre

Par Juanma Ferreira Morgazo

Este domingo no podré ir a comer a casa de mis padres y por lo tanto, no podré comentar con mi madre la expulsión de la carrera judicial de Baltasar Garzón -juez investigador de los crímenes del franquismo-, ni la exigencia de la patronal española al gobierno de quitar la prestación por desempleo a los trabajadores que rechacen un trabajo, ni las necesarias protestas estudiantiles en Valencia por los recortes en educación, ni la violentísima respuesta policial contra los estudiantes, Lire la suite

-73 Suite murale 4

Par Raymond Bozier

Murs d’appui (cit.16), de soutènement (V. Bajoyer, épaulement, perré). Mur d’espalier*, de terrasse*. Soutenir par des murs. V. Murailler. – Mur servant d’abri contre le vent (V. Brise-vent). Mur d’une digue, d’un brise*-lames. – Mur de clôture. V. Clôture (cit.1), enceinte. Enclore*, entourer de murs. V. Emmurer, murer

Mur servant d’abri contre le vent : Après une longue marche solitaire un mur lui apparut. Un mur gigantesque composé de piliers reliés par des poutres et dressé au cœur d’un paysage désertique et plat où ne subsistaient que des buissons épars agités par un vent détestable et chargé de poussières. Et il n’y avait rien d’autre aux alentours que cette immensité verticale et froide profilée sur le ciel et empêchant toute avancée. Lassé de subir les agressions du vent et désireux de reprendre son souffle, le voyageur décida de s’abriter contre le mur. À peine fut-il accroupi au pied de la muraille qu’il entendit, venant de l’intérieur, un murmure, comme si des êtres emmurés, devinant sa présence et pris de frénésie, avaient soudain voulu échapper à l’étreinte du ciment, briser la gangue épaisse et dure qui les couvrait et les empêchait d’aller librement. Lire la suite

-76 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Journée ordinaire

- Bonjour Sandra, tu veux entrer, il fait froid dehors, non ?
- Salut, ça va, pourtant il fait beau, mais quel vent – c’est glacial.
- Allons prendre un café au chaud … Euh ton année c’est bien 76 ?
- Pardon ?
- Mais oui tu sais, on note toutes les personnes qui viennent, c’est pour nos statistiques. Et vous êtes deux Sandra 1976 et 71, et lorsqu’il y a deux prénoms identiques on différencie par le mois et l’année ; et, c’est pour ne pas faire d’erreur.
- 71, c’est gentil de me rajeunir. Bon mais c’est pas un peu ficher les gens ça ?

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-77 Le bruit des médias

Par Laurent Willemez

 Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine +23 de Gildas Nivet.

 En ces temps de campagne électorale, à tous les moments de la vie quotidienne, des petites phrases, des commentaires, des commentaires sur les commentaires, des analyses de sondages, des résultats provisoires de la course de petits chevaux à laquelle se livrent les candidats… Télévision, radio, presse écrite, presse internet, réseaux sociaux : tout se télescope, tout s’emmêle. Le bruit et la fureur d’une campagne électorale, marquée par la nécessité de coller aux attentes des professionnels de la communication et du journalisme, par l’enjeu de proposer aux entreprises médiatiques de belles images, des « angles » originaux et des sons parlants.

 Le film (+23, Gildas Nivet, 18.02.2012, 100jours) revient sur cette thématique de l’influence et de l’omniprésence, des médias, qui pourrait apparaître comme un topos devenu à ce point classique qu’il n’est « même pas faux », comme disait P. Bourdieu. Le propos est cependant plus complexe, mettant en équivalence la parole citoyenne et le bruit médiatique. Peut-être est-il alors possible de rappeler quelques éléments pouvant servir de contrepoint. Lire la suite

-79 Amor de Madre

Par Juanma Ferreira Morgazo

(Domingo 12 de febrero de 2012. Madrid. Casa familiar. 15h50 horas. Sobremesa.)

HIJO: Mamá, ¿qué te parece la nueva reforma laboral que comentaron el viernes?

(Silencio y miradas)

MADRE: Yo no digo nada.

HIJO: ¿Nada?

MADRE: No. (Silencio). ¿Te ha gustado la carne que le he puesto a la empanada?

HIJO: Estaba muy buena.

MADRE: Pues con lo que sobró, te he hecho un guiso. Luego te lo preparo en un tupper y te lo llevas para comer esta semana. Lire la suite

-80 Suite murale 3

Par Raymond Bozier

Plantes (Cf. Lierre, cit. 1), fougères des murs. Cloportes

des murs*.

L’origine du mot cloporte est incertaine. On sait par contre que cet animal crustacé malacostracé vit de préférence dans les lieux sombres et humides et qu’il se nourrit de débris organiques. On les trouve souvent sous les pierres, dans les caves et coins obscurs de l’habitat humain. On pourrait dire des spéculateurs qu’ils sont les cloportes de l’espèce humaine. Lire la suite

-83 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Lundi 6 février 2012
Je suis requinqué, le conseil d’administration est impatient. Il faut mettre en place un planning de travail, un discours d’approche des politiques. Des administrateurs trouvent que nous n’allons pas assez vite, que le projet devrait être beaucoup plus avancé. Pourtant depuis que l’idée est lancée, une seule personne est venue proposer son aide. L’usager était au centre de nos préoccupations et bien souvent nos petits regroupements hebdomadaires disparaissaient purement et simplement.
Nous avions défini avec l’équipe, que même lorsque nous étions en réunion, si une personne venait chercher du matériel nous irions la servir. C’est aussi dans ces moments, en tête à tête, que nous pouvions parler filtration, finesse des aiguilles, difficulté à trouver les veines. Tout cela dans l’immédiateté, le projet était bien loin.
Et aujourd’hui que se passe-t-il, simple impatience d’un projet qui se construit lentement, dignité humaine affectée ou échéance politique ?

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