-73 Suite murale 4

Par Raymond Bozier

Murs d’appui (cit.16), de soutènement (V. Bajoyer, épaulement, perré). Mur d’espalier*, de terrasse*. Soutenir par des murs. V. Murailler. – Mur servant d’abri contre le vent (V. Brise-vent). Mur d’une digue, d’un brise*-lames. – Mur de clôture. V. Clôture (cit.1), enceinte. Enclore*, entourer de murs. V. Emmurer, murer

Mur servant d’abri contre le vent : Après une longue marche solitaire un mur lui apparut. Un mur gigantesque composé de piliers reliés par des poutres et dressé au cœur d’un paysage désertique et plat où ne subsistaient que des buissons épars agités par un vent détestable et chargé de poussières. Et il n’y avait rien d’autre aux alentours que cette immensité verticale et froide profilée sur le ciel et empêchant toute avancée. Lassé de subir les agressions du vent et désireux de reprendre son souffle, le voyageur décida de s’abriter contre le mur. À peine fut-il accroupi au pied de la muraille qu’il entendit, venant de l’intérieur, un murmure, comme si des êtres emmurés, devinant sa présence et pris de frénésie, avaient soudain voulu échapper à l’étreinte du ciment, briser la gangue épaisse et dure qui les couvrait et les empêchait d’aller librement.

Il écouta longuement cette population de somnambules partie un soir à l’assaut des grillages et des barbelés de la mort, et revenue au matin, couverte de plaies et encore plus épouvantée qu’à son départ, s’engloutir dans la boue tiède d’un mortier gigantesque et grandissant. Les prisonniers du béton n’en finissaient pas de sangloter, de se bousculer, de frapper du poing, de cogner du front contre cette monstruosité qui les contenait et exhalait une odeur putride de marais nouvellement asséchés.

Afin de mieux percevoir les paroles des emmurés, le voyageur plaqua son oreille contre l’immense paroi. Et il resta là, envahit par un double sentiment de faiblesse et d’extrême lassitude, la tête douloureusement posée contre le ciment, la bouche grande ouverte, les yeux fixés sur les ramifications d’un grand lierre verdoyant qui grimpait le long de la muraille et disparaissait dans les hauteurs.

Il essaya bien de prononcer quelques mots, mais aucun son ne parvint à franchir la barrière de ses lèvres. Il lui était physiquement impossible de répondre à ceux qui le suppliaient. Il ne pouvait ni leur dire qu’il les entendait, ni les sauver, tous autant qu’ils étaient : hommes, femmes, enfants, vieillards, bourreaux, victimes, témoins indifférents, nés des fabriques de la peur, échappés des départements des désastres, des cantons des suicides, danseurs aux pieds nus, casseurs de bouteilles, soldats ivres titubant, gnomes gardiens des terreurs à venir. Tous ceux qui avaient, d’une façon ou d’une autre, contribué à l’édification de la muraille jusqu’à ce que peu à peu le froid du ciment les envahisse, les lie les uns aux autres, les transforme en cet obstacle infranchissable contre lequel il se tenait et qui peu à peu l’engloutissait à son tour. »

 – Par ext. Les Murs : la ville, la partie de la ville circonscrite par les murs. Dans les murs (V. Intra-muros). Hors des murs (V. Extra-muros). Saint-Laurent-hors-les murs, à Rome.

Résidus d’écran : vu et entendu, Claude G. actuel ministre de l’intérieur, descendant du maréchal P., déclarer, la bouche en coin : « Les civilisations qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient ; celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique…

À l’intérieur, en France, en 2011, d’après la fondation de l’abbé Pierre, 685 000 personnes sont privées de domicile. Parmi ces sans murs 133 000 vivent dans la rue, 65 000 en logements précaires et 85 000 à l’hôtel. Pour mémoire, en 2007, un certain Nicolas S., devenu depuis PDG de l’Etat français et supérieur hiérarchique du ministre de l’intérieur, avait déclaré : « Si je suis élu, d’ici deux ans, il n’y aura plus un seul sans domicile fixe dans la rue. », plus quantité d’autres balivernes gobées par un trop grand nombre de carpes.

Les commentaires sont fermés.