-13 Amusez-vous avec les professions de foi

Par Anthoto

Petit jeu à faire chez soi entre copains, par exemple la veille des élections à 23h.
Où l’on voit que les graphistes des partis ne se cassent pas trop la tête, ou peut-être que c’est la même agence de pub qui fait tout.

Trois professions de foi n’ont pas été utilisées, car inadaptables aux autres, saurez-vous devinez lesquelles ?

-13 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Lundi 16avril – 22h30

L’interphone sonne « - bonsoir, désolé c’est monsieur Dupuy, j’ai oublié mes clés ; pourriez-vous m’ouvrir ? ». J’appuie sur le bouton de l’ouverture de la porte et retourne me sécher : je sors de la douche. Tout à coup je réalise, il y a bien un Dupuy au rez de chaussée, mais c’est une dame ! Du troisième étage, j’entrouvre la porte et regarde dans l’escalier ; deux personnes s’affairent près de la porte de la cave, sac au dos, un duvet à l’air de dépasser. Que faire ? Simples squatteurs fatigués qui veulent se reposer un peu, cambrioleurs avides ? De ce que j’en vois par au dessus, j’opte pour la première solution.

Aussi pourquoi ne pas les laisser souffler un peu ? En plus je ne suis qu’en peignoir ! Plus tard, je descendrai l’escalier, la porte de la cave a été ouverte proprement, il y a de la lumière, pas d’éclats de voix. Je fais un tour dans le quartier, eh, eh, les deux cigarettes rituelles avant d’aller dormir…. de la lumière mais pas de bruit particulier. Le lendemain, sans en parler à personne, je vais vérifier, rien, presque aucune trace de leur passage. Puis au fil de la semaine je remarque que la porte de la cave n’est pas toujours fermée. Re-vérification, rien ; ah si, une fois une canette traîne.

Faut-il avertir les voisins, essayer de les surprendre sur le fait ? Je me dis qu’il y a des chances que je les connaisse, que je ne suis pas agressif de prime abord, pourtant j’angoisse un peu en descendant à la cave : je fais du bruit, j’appelle.

Jeudi 18 avril

Ce matin la porte est à nouveau ouverte. Je descends avec une petite boule au ventre : une première rencontre ce n’est jamais si simple. Il va falloir que je leur explique que ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas, par rapport aux autres habitants de l’immeuble les laisser s’installer indument dans la cave. Je vais devoir changer la serrure de la porte. Personne, presque pas de trace, presque pas mais un carton de Stéribox® ouvert, une cup avec un dépôt blanc au fond, une 1cc usagée mais aiguille protégée, 2 fioles d’eau ouvertes… quand vous voyez ça, connaissant mon boulot, et le projet actuel sur lequel je travaille, ben, vous vous trouvez con.

Vendredi 19 avril

Je viens de changer la serrure, je n’ai pas tout expliqué à mes voisins, seuls deux sont au courant de la réalité et de la présence de ces, pardon, de cette unique seringue. Quelle histoire, une seringue, alors que je les donne par carton entier. Il faut bien qu’ils les utilisent quelque part ! Comme si je ne le savais pas, alors pourquoi une seule et unique pompe me pose-t-elle autant d’interrogation ?

Et vous qu’en penseriez-vous ?

-14 Le Village

Par Guillaume Heurtault

Les barreaux sont dans la tête.

Quatrième épisode

Je me suis trompé en faisant ce dessin, une petite étourderie. Dans le reportage de France 2 d’où est tirée cette phrase, Pierre Botton (encore et toujours lui) conjugue le verbe être au futur :

« [ Voix off ] Le maître d’œuvre c’est lui, il veut construire toute une prison, 120 places, une prison sans barreaux. [ P.B. devant la fenêtre d'un prototype de cellule ] Il n’y a pas de barreaux parce que les barreaux seront dans la tête. »

Le futur est important, ce projet n’est pour l’instant que le désir d’un puissant imbécile. Mais il pourrait bien se concrétiser sous d’autres formes. En tout cas, l’idée est précise : supprimer les barrières physiques d’un lieu de privation de liberté, pour les remplacer par des barrières psychologiques.

Pourquoi ? Pour limiter le choc carcéral et ainsi favoriser la réinsertion des détenus dans la société civile afin de lutter contre la récidive, dixit le maître d’œuvre.

Comment ça se passe ? On bâtit d’abord un centre de détention de manière à ce qu’il donne l’illusion de ne pas en être un. Une sorte de village. On organise ensuite la vie collective des résidents (dixit le maître d’œuvre) autour d’un emploi du temps quasi militaire : levé au clairon à 6h, extinction des feux à 22h. Les résidents sont issus d’une sélection de détenus volontaires. Être actif toute la journée est une obligation, l’oisiveté est proscrite. L’activité est surtout centrée sur le travail salarié, travail fourni par des partenaires privés présents dans le centre — via les fondations d’entreprises du CAC40, entre autres.

Grâce à ces barreaux dans la tête la sécurité des lieux est garantie, et les résidents sont soulagés de ne pas vivre leur détention dans des conditions intolérables. Notre démocratie libérale sera ensuite très heureuse d’accueillir en son sein de nouveaux citoyens volontaires, la tête remplie d’une phrase ambigüe :

Be seeing you !


Un délice pour prolonger cette courte réflexion — bien qu’il n’y ait pas d’infos sur l’origine de l’enregistrement, et que le sous-titrage ne soit pas terrible : Silvano Agosti sur « le discours typique de l’esclave ». Et là un supplice, le reportage de France 2 cité plus haut : 20h de France 2 – 17 mai 2011.


-14 En Flânant en chemin

Par Stéphane Vaquero

 Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine, + 84, de Georges Morère.

 « Lui laisser ma pension de réversion, au moins mourir tranquille s’il y a quoi que ce soit qui se passe, voilà. »

Certes, l’amour passionnel n’est plus présent. Mais il existe mille manières de vivre en couple, de vivre le couple, et c’est la leur. Le partage du quotidien, une grande complicité, des discussions, des ballades… Et une manière de construire la vie au quotidien, de « traverser l’adversité » et de passer de bons moments. Évidemment, la question de la vie après le départ de l’autre se posera, elle se pose déjà…

« Moi l’essentiel c’est… je suis bien avec Patrice, l’essentiel c’est qu’on continue ensemble. »

« Voilà, quand j’ai fêté mes 40 ans, nous avions invité toute la famille et tous nos amis… ça fait partie des bons moments qu’on a passés tous les deux, avec ceux qu’on aimait et qu’on aime encore… »

« Voilà, il restera ces souvenirs et si un jour je refais ma vie je ne pourrai jamais les oublier, ce sera jamais comme… »

« Une tumeur au cerveau, malheureusement en phase terminale, voilà… Les soins palliatifs, il n’y a malheureusement pas de guérison possible, on sait très bien que ça va se terminer par un décès dans les hôpitaux… »

Malheureusement pour certains d’entre eux, la maladie n’a pas épargné ces vies de couple ordinaires. Cet homme de presque 50 ans se rend à l’hôpital et consacre sa vie de tous les jours, voit son quotidien bouleversé par le soutien qu’il veut apporter à la personne qu’il aime et avec qui il a envie de poursuivre sa vie. La maison qu’ils ont achetée ensemble, des familles qui se sont connues, qui ont fait la fête ensemble, qui ont célébré l’union et leur vie de couple.

Heureusement, le Code Civil prévoit pour les personnes mariées la possibilité pour le « dernier vivant » de rester en possession de la maison achetée ensemble, et de bénéficier de la pension de réversion si la personne décédée était retraitée. Que serait la vie de cet homme s’il était obligé de revendre leur maison ? Et cette femme qui veut s’assurer de la capacité de l’autre à subvenir à ses besoins si elle venait à partir en premier ?

Oui. Mais la différence, c’est qu’elle se préoccupe de son amie, qu’il est bien avec Patrice, et que cet homme se rend à l’hôpital pour épauler et aider son ami.

Tous ces couples, toutes ses vies, ne sont ni plus ni moins précaires que les autres face à la maladie et à la mort. Leur différence réside dans le fait de partager et d’aimer une personne du même sexe. Lire la suite