Par Guillaume Heurtault
Je me suis trompé en faisant ce dessin, une petite étourderie. Dans le reportage de France 2 d’où est tirée cette phrase, Pierre Botton (encore et toujours lui) conjugue le verbe être au futur :
« [ Voix off ] Le maître d’œuvre c’est lui, il veut construire toute une prison, 120 places, une prison sans barreaux. [ P.B. devant la fenêtre d'un prototype de cellule ] Il n’y a pas de barreaux parce que les barreaux seront dans la tête. »
Le futur est important, ce projet n’est pour l’instant que le désir d’un puissant imbécile. Mais il pourrait bien se concrétiser sous d’autres formes. En tout cas, l’idée est précise : supprimer les barrières physiques d’un lieu de privation de liberté, pour les remplacer par des barrières psychologiques.
Pourquoi ? Pour limiter le choc carcéral et ainsi favoriser la réinsertion des détenus dans la société civile afin de lutter contre la récidive, dixit le maître d’œuvre.
Comment ça se passe ? On bâtit d’abord un centre de détention de manière à ce qu’il donne l’illusion de ne pas en être un. Une sorte de village. On organise ensuite la vie collective des résidents (dixit le maître d’œuvre) autour d’un emploi du temps quasi militaire : levé au clairon à 6h, extinction des feux à 22h. Les résidents sont issus d’une sélection de détenus volontaires. Être actif toute la journée est une obligation, l’oisiveté est proscrite. L’activité est surtout centrée sur le travail salarié, travail fourni par des partenaires privés présents dans le centre — via les fondations d’entreprises du CAC40, entre autres.
Grâce à ces barreaux dans la tête la sécurité des lieux est garantie, et les résidents sont soulagés de ne pas vivre leur détention dans des conditions intolérables. Notre démocratie libérale sera ensuite très heureuse d’accueillir en son sein de nouveaux citoyens volontaires, la tête remplie d’une phrase ambigüe :
Be seeing you !