-83 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Lundi 6 février 2012
Je suis requinqué, le conseil d’administration est impatient. Il faut mettre en place un planning de travail, un discours d’approche des politiques. Des administrateurs trouvent que nous n’allons pas assez vite, que le projet devrait être beaucoup plus avancé. Pourtant depuis que l’idée est lancée, une seule personne est venue proposer son aide. L’usager était au centre de nos préoccupations et bien souvent nos petits regroupements hebdomadaires disparaissaient purement et simplement.
Nous avions défini avec l’équipe, que même lorsque nous étions en réunion, si une personne venait chercher du matériel nous irions la servir. C’est aussi dans ces moments, en tête à tête, que nous pouvions parler filtration, finesse des aiguilles, difficulté à trouver les veines. Tout cela dans l’immédiateté, le projet était bien loin.
Et aujourd’hui que se passe-t-il, simple impatience d’un projet qui se construit lentement, dignité humaine affectée ou échéance politique ?

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-84 Le Goût de l’école

Par Étienne Douat

Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine +14 de Karel Pairemaure.

 On l’a tous un jour entendu. Face à la mondialisation néolibérale dont tu évoques dans ta lettre les conséquences assommantes (+14, Karel Pairemaure, 09.02.2012, 100jours), il y a l’école. L’école publique comme haut lieu de résistance face aux processus de fabrique des inégalités de classe, au culte de la performance individuelle et de la compétition généralisée. L’école pour tous, l’école ouverte, l’école émancipatrice… La belle histoire. En écoutant la tienne, je découvre que tes doutes rencontrent une partie des miens. Concurrence, performance, peur, surveillance, uniformisation, docilité… autant de méthodes dis-tu, que l’on commencerait à « goûter » dès l’école. Vous exagérez diront certains… 

La dernière livraison de la direction de l’Education de l’OCDE publiée cette semaine nous rappelle que l’histoire que tu racontes n’est pas une vielle fable mais s’écrit devant nous, à bas bruit le plus souvent. Quelques mots tirés de la présentation officielle de ce document dont je prends aujourd’hui connaissance, et qui passeront probablement inaperçus dans la plupart des médias : « L’objectif est de créer des systèmes d’éducation et de formation qui contribuent à la stabilité sociale et au dynamisme économique et qui donnent à chaque individu la chance de tirer le meilleur parti de ses capacités innées à tous les stades de sa vie. » Stabilité sociale et dynamisme économique ? Un horizon prioritaire pour l’école donc, qui rappelle avec force l’actualité de certains travaux que d’aucuns croyaient périmés, caricaturaux ou trop fatalistes… au point de les évacuer des bibliographies de la formation des enseignants. Lire la suite

-85 Être civilisé. contre Guéant.

Par Pascal Boissel

À 85 jours de l’élection présidentielle, la campagne oppose Hollande, socialiste qui dit affronter « la finance », à l’UMP dont le chef minaude avant de se déclarer candidat. Dire que le PS français, qui a donné des dirigeants à l’OMC et au FMI, s’oppose au capitalisme financier peut distraire quelques instants; mais la parade actuelle ne saurait illusionner beaucoup de personnes même si elle permet aux experts de disserter à l’infini. Alors, devons-nous nous désintéresser de cette joute électorale où il faudrait choisir un hyper-président, puis dans la foulée, élire des députés vassaux du premier ? Non.

Il y a des mots qui viennent résonner singulièrement dans le brouhaha médiatique. Ainsi du mot « civilisation ». Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, homme de confiance de longue date du Président, grand expulseur d’étrangers, a parlé tout récemment devant un auditoire de l’UNI, la droite de la droite étudiante, les futurs cadres politiques de la droite de demain, de la supériorité de sa civilisation. Il précisa ensuite que la civilisation adverse était celle des musulmans. La sienne est-elle française? européenne? blanche? chrétienne? Un peu de tout ça, sans doute. Lire la suite