-90 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Lundi 30 janvier 2012

Ce matin nous venons de recevoir un faux-bras « d’entraînement » pour école d’infirmiers. L’idée est de pouvoir montrer, pouvoir regarder comment l’usager pratique, puis de revoir avec lui s’il y a lieu de modifier des gestes parasites ou de mauvaises habitudes.

Mais il attendra un peu : je viens de découvrir un petit carton de revue de presse, compte-rendus de colloque du début de l’année 1995… Immersion quinze ans en arrière.

Mercredi 1er février 2012

J’ai oublié le matériel reçu, j’ai passé une bonne partie de la journée, à compulser, déchiffrer parfois, ces quelques documents. 12/04/95 : Un questionnaire envoyé aux candidats à l’élection présidentielle, 04/04/95 : Eltsine signe la loi obligeant les étrangers au dépistage (du VIH). Plusieurs papiers sur le Sida. L’espoir de la méthadone. Depuis le 7 octobre 1994 une salle de shoot propre existe à Montpellier dans les locaux d’ASUD. Les premiers procès du sang contaminé. La peine de mort sera rétablie pour les trafiquants de drogue in Le contrat pour la France avec les Français de J.M. Le Pen. Prendre les 17 milliards de la loi de programmation militaire consacrés aux essais nucléaires qu’il s’agit d’arrêter définitivement pour financer la réduction des risques, l’accueil et la prévention envers la toxicomanie et le Vih, in Communisme : la mutationde Robert Hue. Et aussi la communication d’un médecin généraliste sur son expérience de la substitution et du sevrage ainsi que l’importance de l’accompagnement et l’écoute.

Si la toxicomanie est récente, la personne intégrée, le sevrage est possible (arrêt de prise de toxique), par contre si la personne est malheureuse, sans amour, sans travail, ni maison, les produits peuvent servir à surmonter ce manque et occuper sont temps, là, c’est l’indication d’un traitement de substitution. Tenter à ce moment un sevrage c’est l’assurance de la rechute rapide, et parfois en pire car on se trouve nul d’avoir ainsi repris.

Modèles très réducteurs, mais qui montre que le sevrage n’est pas tout. L’approche de la toxicomanie jusqu’alors s’il était pensé en termes de soin ne pouvait concevoir que l’arrêt de cette prise de produits. L’acceptation de la substitution par les pouvoirs publics et médicaux a été un long cheminement et doit toujours être réexpliqué.

Jeudi 2 février 2012

Dans cette plongée dans les 90′s un texte retient mon attention. Une simple feuille quadrillée noircie au crayon qui commence à s’effacer. Qui, quand, en quelles circonstances ? Mais est-ce si important de savoir ? L’important c’est qu’il m’a touché, qu’une rencontre a lieu, qu’il stimule mon intellect, mon imaginaire, mon expérience peut-être :

les moments de contemplation -

Contemplation béate ou benoite, pour ne pas dire stupide où l’on n’arrive pas à quitter l’appui de l’arbre qui soutient le hoquet malheureux de tout notre corps.

Contemplation dite bovine, lorsqu’enfin après un dernier spasme on arrive à ramper ou tituber jusqu’à un lieu plus propice au repos et à la paix de l’âme du corps.

Il est vrai que souvent ces moments de béatitude paresseuse et contemplative ont été dus à des effets secondaires et non désiré du .., enfin de …, disons de psychotropes pas toujours bien maîtrisés.

Vendredi 3 février 2012

Mais je m’éloigne du sujet, morcellement de la pensée, Trop d’ignorance historique du cheminement de la réduction des risques et tout le travail fait autour du Sida. Il faut que je forge ma culture sur ces sujets, savoir d’où l’on vient et le chemin qu’il reste à parcourir. Qu’est-ce qui m’intéresse ici : le produit, la seringue, l’humain ? Ou simplement ce rapport entre les hommes, ce vivre ensemble, avec toutes nos différences. Le politique ce n’est pas cela justement ?

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