-48 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Dimanche 18 mars 2012
Journée standard, quelques démarches personnelles, malgré tout importante : nous allons acheter un appartement, le banquier est d’accord, l’offre de crédit est signée. Vingt ans d’engagement, je me projette. Je ne suis ni dans l’urgence, ni dans l’immédiateté. Je suis en capacité de m’imaginer aujourd’hui et demain. Sans vouloir psychologiser, moraliser, nous pouvons entrevoir le monde de la précarité et de la toxicomanie (surtout quand ces deux mondes se rencontrent) comme celui de l’immédiateté, de l’urgence, du seul instant, bref de la survie.

Lorsque je sens la crise de manque survenir, pas de doute : aucun avenir n’est possible. Seule la satisfaction de mon corps, la prise du produit salvateur pourra me faire envisager les minutes, les heures à venir. Toute ma quête, ma recherche sera tendue vers cette délivrance ; ni la faim, ni le froid, ni la douleur ne sauront me détourner de ce besoin impérieux. Douleur, j’entends une blessure, des coups, car à ce moment le physique n’est que souffrance, sueur, tremblement, froid intense.
Classiquement nous décrivons les comportements ainsi : récréatifs, réguliers, abusifs. Récréatif tout le monde le comprendra, c’est pour le plaisir, sans régularité, la prise d’un produit, une action particulière. Juste pour le fun, le goût du voyage, de l’expérience. Régulier, on entre dans la dépendance, on a besoin du produit (ou de l’action : les jeux d’argent par exemple) pour vivre, la notion de plaisir s’estompe, celles de satisfaction, d’apaisement surgissent. Abusif, on commence à perdre le contrôle, le plaisir devient fugace, l’addiction est là. Les prises sont facilement excessives, la satisfaction immédiate, la recherche du produit comme son existence n’est plus que de la survie.

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-49 « Mon pauvre… »

par Frédéric Lebaron

Pendant 100nuits, chaque semaine, un sociologue propose un contrepoint à un film de 100jours. Cette semaine, +50 d’Isabelle Taveneau.

Les statistiques de la pauvreté diffusées par Eurostat [1] indiquent que la proportion de « personnes en risque de pauvreté après transferts sociaux » a augmenté depuis 2007 en France, pour s’établir à 13,5% en 2010. Les données de l’INSEE vont dans le même sens. A l’échelle de la zone euro, la tendance est également à la hausse depuis 2005. On peut raisonnablement penser que la situation s’est encore dégradée en 2011 et 2012, notamment dans les pays périphériques de la zone euro (Grèce, Portugal, Espagne…), soumis à de violents plans d’ajustement structurel qui entraînent un recul brutal du niveau de vie moyen : celui des plus démunis est, bien sûr, encore plus touché.

Au sein de la population mondiale, c’est la croissance rapide de l’économie chinoise qui explique pour une large part la tendance à la baisse de la part des personnes disposant de moins de 2 $ (en parités de pouvoir d’achat) par jour pour vivre. Mais le nombre absolu de personnes sous-alimentées a dépassé le milliard en 2009, pour baisser à nouveau légèrement en 2010 [2].

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