-10 Suite murale 13

Par Raymond Bozier

||3° Par métaph. et fig. Ce qui sépare, forme obstacle (Cf. Frontière, cit. 1 ; large, cit. 22). Se cogner (Cit. 3), se heurter à un mur ; donner de la tête, se jeter (Cf. Idée, cit. 38) contre un mur : échouer* à cause d’un obstacle insurmontable*. Mur d’airain (Cf. Importunité, cit. 3). – Cet homme est un mur, un mur de glace (cit. 12) : il est insensible, muet, froid… Parler à un mur. C’est comme si l’on parlait à un mur. – Le mur qui s’élève entre deux êtres. Un mur d’incompréhension.

Cet homme est un mur. Rien n’était stable dans cette immensité urbaine. Les rues, les murs, les populations, les voitures, les oiseaux : tout bougeait sans cesse. Et il en allait de même pour les sièges des sociétés multinationales, construits à l’extrémité ouest de la cité, autour d’une longue esplanade, sur une sorte d’ilot ceinturé de routes. Ces puissantes tours de bureaux – composé de béton de verre et d’acier – dressées à la verticale et dotées de vitrages opaques réfléchissant la lumière, apparaissaient et disparaissaient au gré des mouvements précipités d’une foule d’employés qui surgissait le matin des escaliers, puis s’engloutissait le soir de la même manière dans les sous-sols du métro. On aurait dit des fourmis transportant des parcelles de la fourmilière qui les faisait vivre.

Abri, protection. Le mur de la vie privée, déformation d’une phrase de ROYER-COLLARD (la vie privée doit être murée*). Vivre derrière un mur (V. Isolement).

Le voyageur exténué posa une main sur le mur de l’autre côté duquel s’entendait un bourdonnement continu. La porte ouverte derrière lui donnait sur un pallier dont l’escalier avait disparu.

Le mur penchait légèrement. Le voyageur exténué l’embrassa puis respira son odeur. Il écouta aussi sa respiration. Sur les trottoirs, les mouvements des passants ; sous les arbres de l’avenue, le va et vient des voitures ; dans les vitrines les reflets silencieux du jour ; quelques oiseaux sales dans les airs.

Un léger duvet couvrait sa lèvre supérieure. Il glissa une main sous son corsage, la remonta sur son ventre… Temps lumineux d’une ville. Temps passé à vivre. Temps des chuchotements confus. Le voyageur exténué ferma les yeux. Il était collé contre elle, jambe droite glissée entre ses cuisses, appuyée. Une épaisseur de tissu les séparait. Elle ne résistait pas, elle se laissait faire, comme si tout cela n’avait aucune importance. Il sentait son odeur. Il sentait l’odeur du mur.

Au déclin du jour, il eut l’impression de ne plus rien tenir dans ses bras, que sa jambe glissait dans le vide. Il voulut crier un nom, un seul, mais aucun son ne parvint à sortir de sa gorge. Quelques larmes. Appartement du vide. Une ampoule pendait au plafond, un meuble sans tiroirs occupait un angle de la chambre. Pourquoi la souffrance est-elle plus forte que tout, plus forte que l’amour, plus forte que le désir de vivre ou de mourir ? Une fenêtre s’ouvrit violemment, une porte claqua, puis tout s’arrêta et se noya dans l’obscurité.

Une réflexion au sujet de « -10 Suite murale 13 »

  1. Bon Raymond, vous êtes d’attaque là ?

    Parce que le mec qui me paye pour faire des blagues dans 100 jours me fait savoir que vous êtes le suivant sur la liste.

    N’y voyez rien de personnel, on ne se connaît pas, mais je préfère vous prévenir avant, c’est plus sportif, comme ça les gens ne penseront pas que c’est un coup bas que je vous porte.

    Alors voilà comment ça se passe : je vais faire une blague, en général ça fait une phrase, parfois deux, et je dis du mal de votre travail, souvent de manière injuste, jamais de manière argumentée. Parfois je dis ce que je pense, parfois je m’en fous complètement mais je dis du mal quand même, que je prenne du plaisir ou pas je touche le même salaire, en même temps quand je prends du plaisir j’ai remarqué que la blague était meilleure.

    Après ma blague, il va y avoir plein de gens qui vont prendre votre défense, vous allez voir, c’est émouvant cet élan de sympathie alors qu’on n’a rien demandé. Vous-même, vous n’êtes pas en reste pour tartiner du texte, vous allez vous fendre de deux trois commentaires pour montrer de quel bois vous vous chauffez, en plus vous avez la réputation d’être vachement tatillon, quand vous employez un mot vous l’avez cherché dans le dictionnaire et tout.

    Après que nous soyons passés par un spectre assez large d’émotions humaines, je reviendrai à l’assaut, en général après deux ou trois jours de silence, avec une petite phrase encore plus injuste que la première. J’aime bien avoir le dernier mot, il en va de ma réputation dans le métier, vous savez comme cela compte.

    Bien à vous,

    Grégory Jarry