Par Raymond Bozier
– Loc. Entre quatre murs : dans une maison vide* ; et aussi, en restant chez soi (Cf. Bizarrerie, cit. 5), à l’intérieur, enfermé (volontairement ou non). Passer ses vacances entre quatre murs, à cause de la pluie. Entre les quatre murs d’une école, de la Sorbonne (Cf. Instituteur, cit. 5). Enfermer entre quatre murs (de prison).
« La famille était réunie pour le dîner. Á travers les fenêtres sans rideaux, on pouvait voir la nuit tropicale. » Kafka, Journal – Note du 26 octobre 1913.La lumière du jour et la pluie filtraient à travers les persiennes.Une table, une chaise et une armoire constituaient le seul mobilier de la chambre. Le voyageur exténué quant à lui était couché sur le côté, à même le sol, les genoux remontés sur le ventre, la tête posée sur son bras droit. Il riait de temps en temps, pour tromper sa solitude et s’assurer de sa bonne santé mentale. Malgré la chaleur extérieure le carrelage conservait un peu de fraicheur. Il respirait lentement. La pièce sentait le renfermé et des moisissures couvraient la tapisserie côté ouest. Passer ses vacances entre quatre murs, à cause de la pluie, n’était certes pas la meilleure des choses, mais le voyageur en avait vu d’autres. Le contact de ses os contre le carrelage commençant à devenir douloureux, il se tourna. Il était parfaitement libre de ses mouvements et nul ne l’obligeait à rester éternellement sur le côté droit. Il pouvait aussi s’asseoir, s’allonger sur le dos, le ventre, faire le poirier, et même carrément se mettre debout et marcher de long en large, aussi longtemps qu’il le voulait. Il n’abusait toutefois pas de cette faculté. Il préférait la réserver à certaines circonstances : lorsqu’un besoin pressant se faisait sentir, par exemple ; ou pour satisfaire son appétit (chaque jour, vers midi et en fin de soirée, un autochtone déposait son repas sur une table basse, à l’entrée de la chambre. L’homme l’informait de son passage en frappant trois coups brefs à la porte puis repartait avec le plateau précédent). Il lui arrivait également de pénétrer à l’intérieur de l’armoire, notamment lorsque le bruit de la pluie lui pesait un peu trop sur les nerfs. Une fois enfermé il fermait les yeux et attendait. Il appréciait l’odeur du bois exotique. Parfois un craquement se faisait entendre dans la maison. Plus rarement encore un oiseau, dont la cage était suspendue à une poutre sous la véranda, délivrait un bref sifflement. Les vacances, quel ennui quand il pleut ! soupirait alors le voyageur.
– Se couler (cit. 34), se glisser le long (cit. 39) des murs. Longer un mur (Cf. Coutume, cit. 6 ; désavouer, cit. 9). Errer (cit. 12) en tâtant les murs. Raser les murs : pour se protéger, se cacher, se protéger…