-97 Incorrecte seringue

Par Yvalin

Ouverture

Les salles d’injection supervisée ne sont « ni utiles, ni souhaitables ». Paroles péremptoires délivré par François Fillon durant l’été 2010, en réponse à Roselyne Bachelot qui désirait ouvrir une discussion sur ce sujet.
Est-ce une décision de santé publique ? De sécurité intérieure ? Ou purement politique ?

Déjà reposons le cadre : qu’est-ce qu’une salle d’injection supervisée ? C’est un lieu où les usagers de drogue par voie intraveineuse peuvent venir s’injecter sous la surveillance de personnel qualifié. Qualifié pour réduire les risques relevant de l’hygiène ou de mauvaises pratiques. Qualifié pour établir un lien avec ces personnes, les orienter et accompagner vers des structures de soins ou d’accueil. Qualifié pour rétablir des relations de respect et d’humanité.   Aussi en reconsidérant les propos de François Fillon est-ce une décision de santé publique ? C’est un de ses arguments : un tel lieu encouragerait la consommation de drogues. Est-ce une décision de sécurité intérieure ? Hypocritement il présente une justification philosophique et morale. Pourtant nous verrons que son premier argument est tout simplement faux et le second sujet à discussion.

Dimanche 22 janvier 2012
Ce nouvel outil de réduction des risques nous en parlions depuis longtemps. Et puis il y a eu cette affirmation cinglante. Voici bientôt un an que je travaille, que nous travaillons sur le projet, sa faisabilité. Oh pas tous les jours, deux, trois, quatre heures par semaine, quand le boulot habituel nous le permets. Je ne sais à présent par quel bout le prendre. Néanmoins les idées sont plus claires, on aperçoit ce qui serait réalisable.
Pourtant les usagers ne répondent pas vraiment ; est-ce bien de cela qu’ils ont besoin ?

Lundi 23 janvier 2012
Dans le CAARUD de M. ils n’ont rempli que trois questionnaires. Avec les nôtres cela en fait 28 ! En plus si j’y réfléchis ce ne sont pas des questionnaires : ce sont des pétitions !
Tous les jours je vois des gens avec des abcès, des veines abimées. Aujourd’hui, dans ma région, trouver le produit n’est plus le souci premier. Oh ce n’est que du Sub (Subutex®) ou du Sken (Skenan®), pas vraiment injectable, mais on se débrouille. Le vrai problème, c’est où je vais aller pour me l’faire ce taquet ; être tranquille, avoir le temps.

Mardi 24 janvier 2012
Alors qu’est-ce qui nous empêche d’avancer ? Ni utiles, ni souhaitables ? Plus de 80 salles existent aujourd’hui en Europe, au Canada, en Australie. Nulle part on ne parle d’initiation, d’augmentation de la consommation. Attribuer un site à l’injection serait vouloir cacher les toxicos, les ôter de la place publique, les faire disparaître dans des lieux sombres, flous, et ça, ça ne serait pas moral ! Parce que laisser les gens dans la rue, dans la boue, dans le stress d’être arrêté, ou agressé, cela est une position de haute philosophie et morale ?
La Politique m’emmerde et m’énerve. Les discussions de bout de chandelle (fumeuses trop souvent) me désespère. Aussi par ce biais très étroit, très ciblé, très … incorrect et surtout très concret et réel de la toxicomanie et de la réduction des risques,  j’espère pouvoir approcher la politique dans toute sa grandeur alors que je n’en observe que la petitesse, la mesquinerie veule.

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