-17 Suite murale 12

Par Raymond Bozier

Sports. Faire le mur, se dit des joueurs de football qui se rangent en une ligne serrée en face de l’adversaire (qui tire un coup franc).

« On devient philosophe comme on devient athlète. » Epictète. Étrange règle d’un monde obsédé par la musculature et la virtuosité de ses athlètes, étrange règle qui voulait que lorsqu’une faute était commise non loin du but, un mur de chair, d’os et de tissu, se constituât afin de le protéger. À une dizaine de pas de ce fragile rempart se trouvait un cercle de cuir posé à terre devant un tireur. Dans son but le gardien du temple hurlait des ordres et agitait la main, tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite, afin de bien positionner le mur et de protéger du mieux possible son espace ; de leur côté les équipiers du tireur, tous porteurs de protège-tibias et de chaussures à crampons, attendaient, les mains posées sur les hanches, les yeux fixés sur la balle. Durant ces préparatifs, une partie de la foule massée dans des tribunes, hurlait, sifflait, trépignait pour déstabiliser le tireur. L’espoir ou la crainte enflaient dans chacun des camps. Au sifflet d’un arbitre habillé en noir, l’exécuteur reculait de quelques mètres avant de se précipiter sur le cercle de cuir dans lequel il frappait violemment. Parfois le projectile pénétrait à l’intérieur du but, parfois il montait en l’air et fuyait hors du cadre, parfois il butait contre la fortification provisoire et revenait en arrière. Alors le mur de chair, d’os et de tissu, se défaisait instantanément, le mouvement général codifié reprenait, et les cris d’encouragement des supporteurs reprenaient de plus belle. Les aficionados appelaient cette phase de jeu « un coup franc ». Le voyageur exténué ne jouait pas à ce jeu là. Il n’aimait pas plus les divertissements trompeurs que les encouragements futiles des foules délirantes. A la gloire superficielle des amuseurs publics, il préférait le courage des lutteurs anonymes contre la mort quotidienne. Au détournement de l’attention, il préférait le regard chaleureux d’une passante inconnue. Aux cris, aux sifflets, il préférait le chant lointain et fortuit de la poésie.

-20 Incorrecte seringue

Par Yvalin

12/15

Vacances… moment d’oisiveté, de congé ou absence, manque ? Vacance du pouvoir, bientôt, ou pouvoir en vacances ? Tiens c’est vrai, le pluriel change tout de suite l’acception que nous voulons donner au mot. Le nouveau président, dans 20 jours, partira-t-il en vacances ? Laissant l’idée d’une fonction, d’un pouvoir vacant ? Si je me rappelle bien c’est ce qu’avait fait celui qui va partir ( je n’arrive pas à imaginer qu’il puisse effectuer un second mandat). Tranquille, vous m’avez voulu, vous m’avez eu, à mon tour. Inepte.

Bon mes vacances à moi, disons plutôt mes congés, me font divaguer, rêver ; glander, se reposer … pas vraiment, je garde cela pour mes congés d’été, de vraies vacances, les doigts de pied en éventail, sans téléphone, sans internet ; je rêverai presque de pluie interminable pour rester au coin du feu, le chat sur les genoux, un livre qui glisserait bientôt des mains. Ajoutez une bonne odeur de … au choix, trop fatigué pour imaginer, préférer une chose ou une autre.

Pourtant quelle idée de se démener ainsi, quelle incongruité. Nous ne vivrons pas plus pour autant. À moins que cela n’aide à vivre. Une petite drogue par ci par là ne peut-elle aider à vivre ? « -mais monsieur, cela s’appelle un médicament ! ». C’est vrai ; mais alors qu’est-ce qu’une drogue ? Lire la suite